Les chiffres de l’excision
Le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées au Burkina Faso est :
- 13 % des enfants et jeunes filles de 0 à 14 ans
- 76 % des femmes de 15 à 49 ans
La majorité des mutilations sexuelles sont pratiquées par des exciseuses traditionnelles sur des jeunes filles de avant l’âge de 5 ans.
15 % des MSF sont pratiquées dans les milieux ruraux, et 7 % dans les milieux urbains.
L’excision touche en majorité la communauté musulmane (81 %) et animiste (76 %).
9 % des femmes de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des mutilations sexuelles féminines pensent que cette pratique devrait se poursuivre, elles sont donc globalement favorables à l’abandon de la pratique.
La prévalence de mutilations sexuelles féminines est en baisse chez les jeunes filles.
Législation
Code pénal
- Article 380 : Est puni⋅e d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 150.000 à 900.000 Francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque porte ou tente de porter atteinte à l’intégrité de l’organe génital de la femme par ablation totale, par excision, par infibulation, par insensibilisation ou par tout autre moyen. Si la mort en est résultée, la peine est un emprisonnement de cinq à dix ans.
- Article 381 : Les peines sont portées au maximum si le/la coupable est du corps médical ou paramédical. La juridiction saisie peut en outre prononcer contre lui/elle l’interdiction d’exercer sa profession pour une durée qui ne peut excéder cinq ans.
- Article 382 : Est punie d’une amende de 50.000 à 100.000 Francs CFA, toute personne qui, ayant connaissance des faits prévus à l’article 380, n’en avertit pas les autorités compétentes.
Structure opérationnelle
Le Comité national de lutte contre la pratique de l’excision (structure interministérielle).
Il regroupe les représentant⋅e⋅s de différents ministères, d’associations, d’ONG, de mouvements de la jeunesse, de défense des droits de l’homme, de la chefferie coutumière traditionnelle et des communautés religieuses.
Les activités sont menées dans les 45 provinces et incluent : l’information, l’éducation et la sensibilisation ; la formation ; la réparation des séquelles ; la recherche ; le plaidoyer, le suivi, l’évaluation et la supervision.
Les activités de sensibilisation incluent :
- des séminaires dans les 45 provinces,
- des patrouilles de dissuasion et de sensibilisation par 18 brigades de gendarmerie dans 14 provinces (Kadiogo, Oubritenga, Sanmatenga, Séno, Bam, Yatenga, Sourou, Mouhoun, Kossi, Houet, Kénédougou, Léraba, Comoé et Poni),
- des animations de stands d’information, éducation et communication sur l’excision au cours d’événements spéciaux (Journée mondiale de la population, Semaine nationale de la culture, Salon international de l’artisanat de Ouagadougou),
- la confection et la traduction en langues nationales de supports de sensibilisation (affiches, auto-collants, films, etc.).
Les activités de formation visent des leaders d’opinion, des populations réticentes, des jeunes des secteurs formels et informels, des exciseuses, des victimes de toutes les catégories sociales et socioprofessionnelles en zones urbaines et rurales.
Plus de 52 % de la population a déjà bénéficié de ces activités.
Le Comité travaille de concert avec la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, dans le cadre d’un conseil sous-régional sur les pratiques traditionnelles néfastes pour la santé.
À la suite d’une question parlementaire et sur initiative des femmes parlementaires, en décembre 2001, l’Assemblée nationale a alloué un budget complémentaire de 20 millions de Francs CFA au Comité national pour la réalisation de son programme d’action.
Les associations islamiques
Elles ont mis en place un comité de soutien qui mène des activités de sensibilisation dans les mosquées et autres lieux publics. Ces activités se tiennent à travers tout le pays avec l’appui de 205 prêcheurs qui ont reçu une formation spécialisée et visent à démystifier le fondement religieux de la pratique de l’excision.
Plan d’action national
Le Comité national de lutte contre la pratique de l’excision travaille sur la base de plans d’action adoptés en conseil des ministres. Ces plans d’action constituent des documents d’orientation et de planification des activités. Ils se basent sur une stratégie articulée en cinq axes :
- l’intégration des activités du Comité au niveau de toutes les couches de la population ;
- la décentralisation de la lutte avec l’identification et l’implication de personnes ressources pouvant appuyer la lutte ;
- collaboration avec les institutions œuvrant dans les domaines de la promotion de la femme et des droits de l’enfant et concertation régulière avec toutes les catégories d’acteur de terrain ;
- appui à la recherche sur des thèmes portant sur les mutilations génitales féminines ;
- coordination, évaluation et suivi-évaluation des activités menées.
Autres informations
- Cinq procès ont conduit à la condamnation de quinze personnes.
- Le 18 mai 2002, a eu lieu la troisième journée nationale de lutte contre l’excision (initiative lancée en 2000), sur le thème de l’implication des communautés dans cette lutte.
- La répression est conçue comme une stratégie d’appoint aux activités de sensibilisation. Les statistiques de la justice révèlent que la moyenne de la peine maximale subie par les auteurs de l’excision est de 2 à 3 mois ferme avec un maximum d’amende de 100.000 Francs CFA. Le nombre de cas est relativement peu élevé : 43 procès entre janvier et octobre 2001.
En savoir plus : Female genital mutilation country profiles – UNICEF DATA et Les mutilations sexuelles féminines : Belgique, Bénin, Botswana, Bulgarie, Burkina Faso, Burundi